Quand il fut révélé que le dernier gagnant du prix
Goncourt était en fait un programme informatique, ce fut tout le secteur du
livre, qui une fois de plus, connut la crise. Les écrivains montèrent au créneau
du combat pour le sauvetage de la littérature, la vraie. Avec eux, éditeurs,
imprimeurs (qui avaient déjà échappé à la menace des ebooks), libraires et
mêmes lecteurs se mirent à protester dans l’espoir que la lecture, et
l’écriture, ces activités millénaires, ne deviennent pas une industrie comme une
autre où la seule règle serait le profit généré à coup d’histoires formatées
par des algorithmes sans âmes. Le combat connut un retentissement immédiat
auprès du grand public. Tout le monde y alla de sa petite remarque assassine.
Comment osait-on ? Des robots ? Écrire des livres ? Comment
pouvait-on penser que l’écriture puisse jaillir d’un quelconque système ?
À cela, les quelques défenseurs des programmes, car oui il y avait des
collaborateurs, répondirent que, tout de même, certains livres à succès
suivaient, d’une certaine façon, une « recette. » Les écrivains
furent estomaqués. Ils eurent la confirmation que les esprits scientifiques et
littéraires n’étaient pas faits dans le même moule. Heureusement, qu’ils avaient
de leur côté la puissance de la plume dont le pouvoir n’était plus à démontrer.
Ils s’apprêtèrent à rétorquer une réponse cinglante lorsque les entreprises
commercialisant ces programmes et les éditeurs se mirent d’accord sur un schéma
de royalties. Les écrivains mirent à exécution leurs menaces et publièrent une
tribune. Manque de chance, l’opinion public changea de camp et se retourna contre
la caste des écrivains privilégiés qui s’arcboutait contre le progrès et refusait
de céder un peu de son confort pour le bien de tous.
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