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Typo le chien S01. EP2. Partie III : La fin d'une ère



Typo piétait, grognait, grattait le sol, aboyait dans sa barbe puis il se calma fit trois tours sur lui-même et s’allongea, gardant le chat dans son champ de vision. Une pierre lui fit mal aux côtes. Il se releva instantanément et renifla les herbes. Une odeur, longtemps perdue, l’interpella. Elle émanait du sol comme le souvenir d’un être cher disparu. La pierre n’était pas une pierre. C’était une vieille balle de tennis. La même balle de tennis que son maître de jadis lui faisait aller chercher. Il y avait bien longtemps, maintenant, qu’il n’avait plus joué à ce jeu. C’était son préféré étant chiot. Aujourd’hui, à son grand âge il ne pouvait plus vraiment s’y adonner. D’abord, parce que son maître, qui avait atteint l’âge adulte, avait quitté la niche. Ensuite, parce qu'il fallait être un chiot dans la fleur de l’âge pour jouer à ce jeu. Le maître aimait particulièrement voir Typo s’élancer le plus haut possible et se contorsioner dans tous les sens pour attraper la balle. Ainsi, quand la balle était lancée Typo ne prenait que quelques pas d’élan avant de se regrouper sur ses pattes arrière et de sauter alors que la balle était encore haute en l’air, et lui de se contorsionner pour essayer de gagner quelques millimètre, galvanisé par l’enthousiasme de son maître. Quand il échouait, le maître lançait un rire chaleureux et disait « c’est pas grave mon beau, on recommence » et parfois il réussissait et l’exclamation de joie du maître remplissait Typo de bonheur. Mais aujourd’hui cela faisait bien longtemps, qu’il n’avait pas essayer d'attraper la balle.
Lors des rares fois où il revenait il se contentait de quelques caresses sur le museau, peut-être un câlin devant la télé et c’était tout. Le reste du temps son maître le passait à aboyer avec ses parents. Typo était certes le seul chien du quartier à pouvoir se balader librement, le seul à avoir un si grand jardin pour lui, mais ces plaisirs n’étaient partagés avec personne et n’avait pas la saveur du sourire de son maître. Le chat miaula pour attirer son attention. Typo ne se retourna pas. Il miaula de plus belle et n’ayant pas l’habitude d’être ignoré, descendit de son mur. Typo ne tourna même pas la tête, il était fatigué et il était tard, alors il prit le chemin de la maison.



*

Typo le chien S01. EP2. Partie II : Chat perché



Sa truffe le faisait souffrir. Collée au sol, asséchée, craquelée, coupée par l’herbe, pleine de terre et de cailloux, Typo n’avait d’autre choix que d’accepter la douleur. Le sort de son territoire en dépendait. À l’autre bout du jardin, il perdit la piste du chat. C’est à ce moment seulement qu’il put relever la tête et profiter d’un instant de répit. Malheureusement pour les lui les chats étaient des adversaires sournois. « Miiiiiiiaouh » entendit-il derrière lui au même instant, comme un fait exprès. Hors d’haleine, exténué, il se retourna d’un bond, prêt à attaquer malgré les étoiles qui défilaient devant ses yeux. Le chat était invisible. « Miiiiiiiaaaaouhhh ». Il fit demi-tour en un éclair. Toujours pas de chat. Comment l’ennemi pouvait se déplacer si vite ? « Miiiiiaaaouh ! » soudain il comprit ! Typo leva les yeux au ciel et constata que le chat était assis sur le mur d’enceinte de son jardin. Il était déchiré entre la volonté de le faire fuir mais également celle de respecter les limites légales de sa juridiction. En effet, techniquement parlant, il n’avait pas le droit d’empiéter sur le territoire des autres mais il ne pouvait pas laisser filer ce chat avec la satisfaction de lui avoir échapper  surtout pour de simples formalités juridiques. Malgré, le risque de finir en laisse, il appuya ses pattes avant contre le mur et se mit à aboyer rageusement envers le chat qui ne broncha pas d’un poil. « Miiiiaaaouhhh ! »



*

S01. EP2. Partie I : Une vie de chien



Typo le chien passa devant sa maison pour la énième fois. Il avait passé sa journée à écumer le quartier, reniflé chaque derrière, chaque truffe, aboyé à s’en casser la voix, mâchouillé nombre d’immondices et se retrouva à son point de départ, c’est à dire devant le portail de chez lui. Mort d’ennui, il serait volontiers rentré se reposer mais il était encore tôt et il ne voulait pas retrouvait ses vieux propriétaires.
Soudain, une vieille odeur aiguilla sa curiosité. L’image d’un os qu’il avait particulièrement aimé mâchouillé lui vint en tête. Rarement avait-il mis les dents sur un os aussi blanc, dur et à la moelle si gouteuse. Typo le chien aurait donné n’importe quoi pour poser les babines ne serait-ce qu’une fois sur ce vieil os. Il l’avait enfoui quelque part dans le jardin, mais où ? c’était la question qu’il se posait. Il descendit dans le bas du jardin où l’herbe était la plus haute car ses propriétaires n’y allaient jamais la couper. À vrai dire, il ne la coupait nulle part ailleurs, ils attendaient que l’un de leurs enfants viennent leur rendre visite pour leur faire passer la tondeuse. Typo le chien passa un moment dans les mauvaises herbes qui avaient bien dix centimètres de plus que lui. Ses longs poils lui tombaient devant les yeux, les péguons s’accrochaient à ses pattes, et sa truffe qui avaient capté l’odeur familière, était irritée par le tranchant ou le pointu du chienlit. Typo le chien arriva à un endroit familier. Il était situé entre le mur d’enceinte et un laurier qui avait poussé jusqu’à atteindre une dimension surnaturelle. Typo le chien colla la truffe contre le sol, à fleur des racines qui s’enfonçaient dans la terre. C’était bel et bien ici, au pied de l’arbre, qu’il avait enterré le meilleur os de sa vie. Malgré ses vieilles années, son flair était toujours présent. Il envoya un coup de patte contre la terre et ne dégagea que de la poussière et de la pierraille. Typo le chien expira. Il n’avait pas plu depuis longtemps, la terre n’avait pas été creusée depuis encore plus longtemps et lui-même ne s’était pas lancé dans ce genre d’activité pour chiot fringuant depuis encore encore plus longtemps. Typo le chien, se lécha la truffe, se mit à grogner et aboya une ou deux fois puis se jeta contre la terre comme si c’était le chat du voisin. Il sentit ses griffes s’enfoncer et s’écarter dans la terre, il accéléra ses mouvements et bientôt un nuage de terre et de poussière l’entoura. Il n’y voyait plus rien mais il sentait la terre baisser de niveau alors que le poids de son corps basculait vers l’avant. Le forage se passait mieux que ce qu’il avait anticipé. Néanmoins, aussi près qu’il était de l’arbre, il fut surpris de ne toucher aucune racine. Alors il s’arrêta un instant pour constater qu’il creusait au bon endroit et réalisa que ses vieilles griffes n’avait fait qu’érafler le sol. Pantelant, voyant des étoiles, Typo le chien sentait toujours de l’odeur lui parvenir du dessous. Il ne put que constater son échec.
Que n’aurait-il pas donné pour avoir déterré l’os et l’avoir apporté sur la terrasse, à l’ombre de la glycine où il l’aurait mâchouillé triomphalement avant de le délaisser, mi souriant mi secouant, se rendant compte de sa puérilité à vouloir déterrer un si vieil os. C’est à ce moment précis que Typo le chien bondit sur ses quatre pattes : un chat venait de pénétrer son territoire.



À suivre...



 *