Typo le chien passa devant sa maison
pour la énième fois. Il avait passé sa journée à écumer le quartier, reniflé chaque
derrière, chaque truffe, aboyé à s’en casser la voix, mâchouillé nombre d’immondices
et se retrouva à son point de départ, c’est à dire devant le portail de chez
lui. Mort d’ennui, il serait volontiers rentré se reposer mais il était encore
tôt et il ne voulait pas retrouvait ses vieux propriétaires.
Soudain, une vieille odeur aiguilla
sa curiosité. L’image d’un os qu’il avait particulièrement aimé mâchouillé lui
vint en tête. Rarement avait-il mis les dents sur un os aussi blanc, dur et à
la moelle si gouteuse. Typo le chien aurait donné n’importe quoi pour poser les
babines ne serait-ce qu’une fois sur ce vieil os. Il l’avait enfoui quelque
part dans le jardin, mais où ? c’était la question qu’il se posait. Il
descendit dans le bas du jardin où l’herbe était la plus haute car ses
propriétaires n’y allaient jamais la couper. À vrai dire, il ne la coupait nulle
part ailleurs, ils attendaient que l’un de leurs enfants viennent leur rendre
visite pour leur faire passer la tondeuse. Typo le chien passa un moment dans
les mauvaises herbes qui avaient bien dix centimètres de plus que lui. Ses
longs poils lui tombaient devant les yeux, les péguons s’accrochaient à ses
pattes, et sa truffe qui avaient capté l’odeur familière, était irritée par le
tranchant ou le pointu du chienlit. Typo le chien arriva à un endroit familier.
Il était situé entre le mur d’enceinte et un laurier qui avait poussé jusqu’à
atteindre une dimension surnaturelle. Typo le chien colla la truffe contre le
sol, à fleur des racines qui s’enfonçaient dans la terre. C’était bel et bien
ici, au pied de l’arbre, qu’il avait enterré le meilleur os de sa vie. Malgré
ses vieilles années, son flair était toujours présent. Il envoya un coup de
patte contre la terre et ne dégagea que de la poussière et de la pierraille. Typo
le chien expira. Il n’avait pas plu depuis longtemps, la terre n’avait pas été
creusée depuis encore plus longtemps et lui-même ne s’était pas lancé dans ce
genre d’activité pour chiot fringuant depuis encore encore plus longtemps. Typo
le chien, se lécha la truffe, se mit à grogner et aboya une ou deux fois puis
se jeta contre la terre comme si c’était le chat du voisin. Il sentit ses
griffes s’enfoncer et s’écarter dans la terre, il accéléra ses mouvements et
bientôt un nuage de terre et de poussière l’entoura. Il n’y voyait plus rien
mais il sentait la terre baisser de niveau alors que le poids de son corps
basculait vers l’avant. Le forage se passait mieux que ce qu’il avait anticipé.
Néanmoins, aussi près qu’il était de l’arbre, il fut surpris de ne toucher
aucune racine. Alors il s’arrêta un instant pour constater qu’il creusait au
bon endroit et réalisa que ses vieilles griffes n’avait fait qu’érafler le sol.
Pantelant, voyant des étoiles, Typo le chien sentait toujours de l’odeur lui parvenir
du dessous. Il ne put que constater son échec.
Que n’aurait-il pas donné pour avoir
déterré l’os et l’avoir apporté sur la terrasse, à l’ombre de la glycine où il
l’aurait mâchouillé triomphalement avant de le délaisser, mi souriant mi
secouant, se rendant compte de sa puérilité à vouloir déterrer un si vieil os. C’est
à ce moment précis que Typo le chien bondit sur ses quatre pattes : un chat
venait de pénétrer son territoire.
À suivre...
À suivre...
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