réseaux sociaux

S01. EP2. Partie I : Une vie de chien



Typo le chien passa devant sa maison pour la énième fois. Il avait passé sa journée à écumer le quartier, reniflé chaque derrière, chaque truffe, aboyé à s’en casser la voix, mâchouillé nombre d’immondices et se retrouva à son point de départ, c’est à dire devant le portail de chez lui. Mort d’ennui, il serait volontiers rentré se reposer mais il était encore tôt et il ne voulait pas retrouvait ses vieux propriétaires.
Soudain, une vieille odeur aiguilla sa curiosité. L’image d’un os qu’il avait particulièrement aimé mâchouillé lui vint en tête. Rarement avait-il mis les dents sur un os aussi blanc, dur et à la moelle si gouteuse. Typo le chien aurait donné n’importe quoi pour poser les babines ne serait-ce qu’une fois sur ce vieil os. Il l’avait enfoui quelque part dans le jardin, mais où ? c’était la question qu’il se posait. Il descendit dans le bas du jardin où l’herbe était la plus haute car ses propriétaires n’y allaient jamais la couper. À vrai dire, il ne la coupait nulle part ailleurs, ils attendaient que l’un de leurs enfants viennent leur rendre visite pour leur faire passer la tondeuse. Typo le chien passa un moment dans les mauvaises herbes qui avaient bien dix centimètres de plus que lui. Ses longs poils lui tombaient devant les yeux, les péguons s’accrochaient à ses pattes, et sa truffe qui avaient capté l’odeur familière, était irritée par le tranchant ou le pointu du chienlit. Typo le chien arriva à un endroit familier. Il était situé entre le mur d’enceinte et un laurier qui avait poussé jusqu’à atteindre une dimension surnaturelle. Typo le chien colla la truffe contre le sol, à fleur des racines qui s’enfonçaient dans la terre. C’était bel et bien ici, au pied de l’arbre, qu’il avait enterré le meilleur os de sa vie. Malgré ses vieilles années, son flair était toujours présent. Il envoya un coup de patte contre la terre et ne dégagea que de la poussière et de la pierraille. Typo le chien expira. Il n’avait pas plu depuis longtemps, la terre n’avait pas été creusée depuis encore plus longtemps et lui-même ne s’était pas lancé dans ce genre d’activité pour chiot fringuant depuis encore encore plus longtemps. Typo le chien, se lécha la truffe, se mit à grogner et aboya une ou deux fois puis se jeta contre la terre comme si c’était le chat du voisin. Il sentit ses griffes s’enfoncer et s’écarter dans la terre, il accéléra ses mouvements et bientôt un nuage de terre et de poussière l’entoura. Il n’y voyait plus rien mais il sentait la terre baisser de niveau alors que le poids de son corps basculait vers l’avant. Le forage se passait mieux que ce qu’il avait anticipé. Néanmoins, aussi près qu’il était de l’arbre, il fut surpris de ne toucher aucune racine. Alors il s’arrêta un instant pour constater qu’il creusait au bon endroit et réalisa que ses vieilles griffes n’avait fait qu’érafler le sol. Pantelant, voyant des étoiles, Typo le chien sentait toujours de l’odeur lui parvenir du dessous. Il ne put que constater son échec.
Que n’aurait-il pas donné pour avoir déterré l’os et l’avoir apporté sur la terrasse, à l’ombre de la glycine où il l’aurait mâchouillé triomphalement avant de le délaisser, mi souriant mi secouant, se rendant compte de sa puérilité à vouloir déterrer un si vieil os. C’est à ce moment précis que Typo le chien bondit sur ses quatre pattes : un chat venait de pénétrer son territoire.



À suivre...



 *