Sc 1 et 2
Dans les toilettes, il attendait les bras croisés. Les
bruits du café, le rendait dingue, il n’en pouvait plus des clients, de ses
collègues, de la routine, alors il s’était rendu aux toilettes et s’y était
enfermé puis il avait croisé les bras et avait attendu. Il entendait la vie du
café s’agiter à l’extérieur. Au bout d’un moment il fallait en sortir, alors il
a tiré la chasse et s’est lavé les mains. Ensuite, il est retourné au comptoir et
Robert, un client, lui a commandé un autre verre de vin et lui a dit :
« Attends, assied toi un peu, tu cours de partout.
Viens ici, j’ai pas fini mon histoire en plus. »
« Robert, mon pote, j’ai pas que toi à servir. Continu
ton histoire, je t’écoute de loin. » il a répondu et il a filé sur la terrasse.
Robert a ri bruyamment et s’est tourné vers le barman,
« bon où j’en étais… ».
Il est revenu à l’intérieur et Robert avait disparu. Il a
commandé des boissons au barman et en attendant ne savait pas quoi dire alors
il a dit :
« Putain qu’est-ce qu’il est relou ce Robert. Il te
casse pas les couilles toi ? »
« Si. Ils me cassent tous les couilles mais qu’est ce
tu veux faire ? Il aurait fallu se bouger un eu plus à l’école et passer
son bac. »
« J’l’ai, moi, mon bac. J’ai même une licence. »
Les deux ont tourné la tête. La porte des toilettes venait
de s’ouvrir et Robert en ai sorti. Ils l’ont salué mais il n’a pas répondu mais
a titubé vers la sortie.
Sc 3
La vie ne s’est pas améliorée. Elle n’a pas empiré, non
plus. À un certain moment les choses, les évènements, les gens se mélangent et
se figent au cœur d’une série d’habitudes qui peuvent laisser penser que la vie
est et demeurera comme cela. Dans cette impression de constance se perdent les
petits détails qui changent et trahissent la lente marche du monde. C’était
certainement pour ça que ça leur a pris un moment avant de réaliser que Robert
n’était pas revenu.
Sc 4
Il était encore aux toilettes. Maintenant il avait pris l’habitude
s’asseoir sur la cuvette. La voix de Robert résonna contre le carrelage. Il
s’est relevé et s’est frotté les mains avec le savon et il lui a glissé des
doigts. Il l’a laissé par terre puis est allé au comptoir.
« Hé Bobby, ça fait un bail. Qu’est-ce tu veux ? C’est
la mienne. »
« Ha ha, oui. Tu veux entendre la
dernière ? »
« Vas-y, je t’écoute mon pote. » Il a dit,
regrettant déjà son élan de générosité.
Sc 5
Ce jour-là, il est resté jusqu’à la fermeture. À travers le
rideau métallique, le barman et lui l’ont regardé partir en titubant.
« Putain, il a pas changé, » il a chuchoté.
« Non. Il était où ? »
« En maison de repos, je crois. »
« Pourquoi ? »
« Je sais pas. »
« Il lui est arrivé un truc ? »
« Je sais pas. »
*