On commence tous la muscu pour les mêmes raisons :
- Par exemple, pour devenir plus beaux et attirer plus de partenaires. Il s’agit aussi de se plaire un peu plus ; ou de plaire aux autres en général, d’impressionner, de sortir du lot, de montrer aux autres que l’on a eu le courage de briser les mauvaises habitudes.
- Compenser l’abandon des mauvaises habitudes. Qu’est ce qui constitue des mauvaises habitudes ? Par exemple : l’alcool, la clope, le sucre, le stress, l’ennui, la frustration, la colère etc…
- On peut vouloir, plus simplement, changer de « rythme de vie » et s’imposer un peu plus de rigueur dans un quotidien laissé à l’abandon des circonstances.
- Etc…
On peut argumenter que le plus
dur en muscu n’est pas de soulever les poids mais plutôt de les soulever tous
les jours, à intervalles réguliers. Est-ce que ces raisons suffisent à embraser
le feu de la motivation, lorsqu’il s’agit de se rendre à la même heure, au même
endroit et de soulever des choses lourdes et de les remettre à leur place sans
autres but que de les avoir porter une seconde ? Non, bien sûr cela n’a
aucun sens.
Les raisons importent peu car
elles s’effacent toutes lorsque survient la sensation de pump. Qui pratique la musculation et a déjà senti un bon pump ne peut affirmer qu’il fait de la
muscu pour autre chose que cette sensation de pump. Dès lors que le pump
se fait sentir toutes les raisons qui nous pousse à soulever de la fonte
s’évaporent ; elles apparaissent désormais superficielles, insipides,
triviales, sans fondements, vaines, égocentriques, illusoires etc… et il n’en
reste qu’une : le désir de revivre le pump.
En effet, aucune raison, aussi rationnelle que possible ne peut soutenir
l’absurdité qu’est la musculation. Soulever des bouts de métal et les reposer. Ajoutons
à cela qu’il faut compter les répétitions et les séries 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8
x 3 et continuellement accroître la charge lorsque l'on complète un objectif. Qui
peut donc, même avec les raisons les plus objectives du monde, non seulement
s’engager dans une activité si stupide, mais même y prendre plaisir, sinon
celui qui ressent un bon pump ?
Qu’est-ce que le pump ?
On pourrait être tenté de trouver
une définition en termes biologiques (l’afflux de sang dans les veines au
moment de l’effort), mécaniques (le gonflement des muscles qui empêche de
replier les membres complètement) ou psychologiques (sensation post effort de
fatigue et de plaisir intense) mais nous passerions à côté de l’essentiel. Car
l’essentiel est que c’est la conjonction des trois choses qui donne lieu à ce
phénomène quasi surnaturel. Le pump est
une sensation irréductible à telle ou telle de ses sous parties, il est plus.
Mais alors, vous vous dites, il suffit de soulever des trucs lourds pour avoir
le pump ? Pas besoin de muscu
pour ça, on peut déplacer les meubles ou sa télé une fois de temps en temps et puis
voilà. Malheureux ! Votre ignorance vous rend aussi pitoyables qu’attachants.
Le pump est le produit de la connexion
entre le cerveau et le corps, c’est la fameuse mind muscle connection. Il n’advient pas sans efforts. Il faut se
concentrer, il faut sentir, il faut forcer, il faut prendre son temps, laisser
l’esprit et le corps renouer les liens que la Société a tranché il y a de ça si
longtemps.
La mind muscle connection s’établit lorsqu’il n’y a plus de place au
doute : on ne soulève pas des bouts de métal que l’on repose ensuite tout
ça dans le but de plaire à la boulangère du coin qui évite votre regard depuis
le jour où vous l’avez surprise à faire la grimace quand, tendant la main pour
lui donner l’appoint de la baguette, votre chemise s’est légèrement soulevée et
a dévoilé un ventre blanc et tendre comme une miche de pain mise à lever. Non,
on force. Alors on sent la sensation venir. Les répétitions agissent comme un
compte à rebours à rebours, 1, 2, 3… fffoouuu 4, 5,… aaahhhh, 6, ahhh, 7,
mmmrrrrhhh ah putain, et l’haltère se pose toute seule malgré la force qu’on
lui oppose. On est court d’une rép mais c’est pas grave, la prochaine fois sans
doute. Tout doucement le souffle revient, le corps se congestionne, l’esprit se
détache du muscle comme le mâle de la femelle et il reste quelque chose qui
grossit : le pump.
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