« Quand on veut, on peut ! » son père lui avait répété durant toute son enfance – depuis la fenêtre de son bureau il observait une horde d’ouvrier brandissant des pancartes et brûlant des pneus sous une pluie fine – maintenant qu’il avait disparu, cette phrase résonnait dans le moindre de ses souvenirs : dans leur vieux chalet à la montagne, en descendant les pistes ou alors l’été sur les petits marchés de Provence et bien sûr lors des nombreuses de fois où, sur le petit rafiot familial, ils s’apprêtaient à traverser la méditerranée en famille pour rejoindre leur villa Corse. Hélas, au contraire de bien des gens, il n'avait jamais pu passer beaucoup de temps avec son père ; trop occupé qu’il était à fonder son empire. Alors maintenant qu’il allait hériter de l’empire il ne souffrirait pas que de simple plébéiens, champions de la complaisance et de la médiocrité viennent ternir l’image de son père, ce héros national mu par l’envie de réussir et l’abnégation caractéristiques du capitaine d’industrie. Malgré les difficultés qu'il trouverait sur son chemin, il suivrait, en affaires, les traces de son père comme jadis il les avaient suivies sur le sable de St Tropez.
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