23/04/18 - 10:52, près de Chicago
On peut écrire sur tout, lit-on partout. Je veux bien mais dans mon cas
il y a un sujet qui élude ma plume comme mon chat mes caresses. Pourtant, ce
n’est pas faute l’aimer. C’est le genre d’activité solitaire dont ne peut
parler sans déclencher les sourires en coin et les hochements de têtes, habituellement
réservés aux poètes. Malgré ça, quel plaisir de pratiquer ce… ce sport !
Je veux parler de… je fais de la… disons que je vais « à la salle. »
« La salle ? La salle de bain ? » Non pas celle-là, je veux
dire la salle de musculation. « Ah. » Vous voyez ! Je sens déjà
le jugement poindre à l’horizon. Mais
bien sûr, je ne fais pas qu’y aller. J’y rentre, je m’y déplace et surtout je
« pousse de la fonte. » Je la soulève aussi mais je préfère vous
épargner les détails, votre sourire en dit aussi long qu’il s’étire.
Alors
voilà le sujet dont je ne peux pas vraiment parler dans mes poèmes. Et comment
cela se fait-il ? À vrai dire, il n’y a pas grand-chose à en dire. Tel un
Sisyphe masochiste, mon plaisir n’est pas de voir mon leste dévaler la colline
mais plutôt de le remonter. Mon ambition est d’en augmenter le poids jusqu’à la
limite ultime, que l’on atteint, somme toute, assez vite. On passe donc plus de
temps à se mentir qu’autre chose ; mais quelle joie lorsque le mensonge
prend effet ! Lorsque l’on arrive à se berner soi-même ! On est balaise.
C’est très addictif, aussi chaque jour de repos est une punition auto-infligée
avec patience, et cela seulement pour éviter la blessure, seule entrave au
sacerdoce insensé.