On pense que le moteur de la littérature est
l’écrivaine mais ce n’est pas vrai. Avant l’écrivaine il y a la lectrice. Le
moteur de la littérature, son essence, son feu sacré c’est elle. La lectrice
est celle par quoi tout arrive. En effet dès que la lectrice, à la lecture d’un
texte qu’elle juge indigne d’elle, la lèvre mordue, les yeux révulsés, bave à
la bouche, lâche telle une femme de ménage devant un Picasso, "j'aurais pu
l’écrire avec les pieds ! Pfff t'appelle ça de l'art?" alors peut surgir
la littérature. Rares sont les cas, tout de même, où cette sentence est suivie
d’une tentative, avec les mains bien sûr, histoire d’être sure d’y arriver et
de ne pas avoir l’air aussi bête que l’autre faussaire qui se fout de la gueule
du monde, de faire mieux.
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