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Fainéant


Elle avait trouvé un chaton au retour de l’école. La petite boule de poils était inerte sur le sol. Sa fourrure brillait comme celle d’une peluche toute neuve. Elle la prit et y jetant un œil réalisa que l’objet avait un pouls et respirait. Elle se précipita chez elle. Après quelques soins, l’animal reprit des forces et la remercia. Elle fut doublement surprise. Elle ne pensait pas que les chats fussent capables de parler, et encore plus étrange, d’exprimer de la reconnaissance. Après l’excitation du début, la fille fut prise de doutes. Était-ce bien éthique de garder un chat doué de la parole ? Il était si éloquent, son libre arbitre ne faisait aucun doute. Dès lors posséder un être intelligent revenait à pratiquer l’esclavage et elle ne pouvait pas se rendre coupable d’un tel crime. Le chat n’accueillit pas la nouvelle de sa liberté avec beaucoup d’enthousiasme. Il dit « Tu sais dehors, c’est un monde d’humains avec des règles d’humains. J’ai beau pouvoir parler, je n’ai aucun droit à la parole. » La fille, submergé par le sentiment de faire ce qui était juste, prit sur elle de ne pas écouter ses suppliques et le conduisit à la porte. Ils se quittèrent avec force larmes. L’un parce qu’il se savait perdu et l’autre parce qu’elle pensait l’avoir sauvé. Après quelques jours, le chat revint chez la petite fille. Elle sauta de joie et dit :
« Alors mon petit chat, chéri, mon héros, mon ami, as-tu trouvé du travail ? Reviens-tu m’annoncer que tu vas te marier, que tu as trouvé une maison dans le quartier ? Reviens-tu pour partager avec moi ton ascension, du bord de la route vers les hautes sphères de la société ? »
« Non, c’est l’enfer ici, je t’en supplie reprend moi ! D’accord je peux parler mais ne suis-je pas d’abord un chat ? Pourquoi parce que je ne suis pas comme les autres chats, me traiterait-on différemment ? Je ne veux pas de tout ce que la société peut offrir, je veux être avec toi, blotti contre ton petit cœur et m’endormir au rythme de tes respirations –
« FAINEANT ! » cria la fille puis elle claqua la porte.



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