Lorsqu’elle ouvrit le lave-vaisselle, elle
poussa un cri d’horreur. Coincé entre les verres et les tasses, contre une longue
spatule en bois se trouvait un vibro masseur. Épais, gros, fuchsia, avec dessus
le nom du modèle qui s’étalait en lettres d’or, presque toutes effacées, « J.C.
3000 ». Il ne ressemblait en rien à un vrai sexe d’homme, à part, bien sûr,
pour l’attrait inexplicable qu’il exerçait sur quiconque posait les yeux
dessus. Oh la salope, dit-elle avec un sourire en coin. Sa coloc l’avait mis avec
la vaisselle. Et comment je vais faire maintenant moi pour vider le lave-vaisselle ?
Elle prit une tasse et la spatule en bois et saisit maladroitement le gode
qu’elle dirigea à bout de bras vers le plan de travail, juste au-dessus de la
machine. Le sex toy roula sur lui-même et s’écrasa sans bruit sur le sol.
Merde ! s’exclama-t-elle et sans réfléchir elle se baissa et le saisit
puis poussa un autre cri. Merde ! Merde ! C’est dégueulasse !
Elle le posa sur le plan de travail et reprit son souffle. Ça va, ça va, il est
passé à la machine, c’est pas grave. À peine s’était-elle calmée qu’elle
sursauta à nouveau « Salut c’est Julien » dit une voix étrangement
semblable à celle de Julien Clerc. Mais qu’est-ce que c’est que ce truc ?
Peut-être n’était-ce pas un vibro mais une espèce de radio portative réglée sur
Nostalgie, mais dans ce cas-là que faisait-elle dans le lave-vaisselle ?
Elle ne comprenait pas et voulant
découvrir la vérité elle se saisit courageusement de l’objet et se mit à le scruter
de près. Une diode minuscule indiquait qu’il était en marche mais il ne
semblait pas y avoir de bouton. D’où la voix était-elle venue ? Elle le
remua, le pressa fermement, le caressa dans un sens, puis dans l’autre, le
tordit, le frappa contre son poignet mais aucun n’en sortit. Pantelant elle
s’arrêta une seconde et perdit patience, putain comment ça marche cette merde !
« Salut, c’est Julien ». T’as que ça à la bouche ?
« Qu’elle femme splendide ! » Elle se tut une seconde. « Qu’elle
femme splendide ! » Qu’il est con ce machin, non mais alors !
« Ton sourire me fait fondre ». Haha ridicule ! « Tu es
tout ce qu’un homme désire ». N’importe quoi ! « Tu es tout ce
qu’un homme désire. » Arrête tes conneries « La courbe de tes reins
me fait fondre. » Oh Julien… La cuisine donnait directement sur le
vestibule de l’entrée sur le mur duquel était accroché un grand miroir. Elle se
mit de côté, se cambra franchement. Vraiment ? « La courbe de tes
reins me fait fondre. » Oh Julien ! L’objet vibra tendrement. Sa respiration
s’accéléra. Tu sais, je crois qu’on devrait arrêter cette conversation. Si ma coloc
nous voyait... « Mmmmh aaah. Qu’elle femme splendide ! » Oh
Julien ! Oh ! Et puis on s’en fout ! Au moment où elle posa
l’objet contre elle, il se mit à vibrer avec force, comme jamais un autre homme
ne l’avait fait. Leur étreinte commença dans le couloir de l’entrée et n’eut
pas le temps d’aller plus loin, car elle n’avait pas entendu la clé dans la
serrure. « Coucou je suis rentrée plus tôt ! » Ciel, ma
coloc ! s’écria-t-elle puis elle ouvrit le compteur électrique et y cacha
Julien.
*